My Hospitel signe un partenariat stratégique majeur dans un contexte de croissance financière

jeudi 12 juin 2025
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Convaincue que l’innovation en santé ne doit pas seulement être technologique, mais rester au service de l’humain, Valérie Loisel, cofondatrice de My Hospitel détaille le fonctionnement de sa plateforme et les gains qu’elle procure à tout l’écosystème de la santé.


Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est My Hospitel ?

My Hospitel, c’est une réponse simple à un besoin complexe : mieux soigner, autrement. En quelques mots, My Hospitel est une plateforme digitale qui permet aux établissements de santé de gérer très simplement l’hébergement hôtelier de leurs patients éligibles. Ce dispositif, appelé Hébergement Temporaire Non Médicalisé (HTNM), s’adresse notamment* aux patients qui n’ont pas besoin de surveillance médicale continue, mais qui doivent rester proches de l’hôpital pour des soins réguliers ou des examens. Il a été créé par décret en 2021, mais reste inégalement connu des soignants et des patients. À noter qu’il est également possible pour les femmes enceintes de recourir à ce dispositif, surtout lorsqu’elles approchent du terme de leur grossesse.

L’idée est née d’un constat simple mais frappant : chaque année, des milliers de lits hospitaliers sont occupés ‘inutilement’ par des patients qui pourraient être hébergés ailleurs, dans de meilleures conditions, et à moindre coût. Vincent Boisset (fondateur historique), Arthur Seconds, et moi-même avons voulu créer une solution simple, rapide et ergonomique qui fasse gagner aux hôpitaux et cliniques du temps sur la gestion administrative des nuitées externalisées du patient. My Hospitel est née en 2020, mais c’est vraiment depuis 2023 que le dispositif a pris de l’ampleur.

La réflexion sur l’avenir de l’hôpital, nous le constatons chaque jour, doit englober les solutions d’hébergement externalisé. On estime à un tiers les nuitées à l’hôpital non justifiées chaque année, non justifiées s’entendant par lits médicalisés occupés par des patients ne nécessitant pas de surveillance ou de soins spécifiques. Les établissements se regroupent, ce qui fait sens en termes d’expertise et de moyens techniques. Mais cette concentration s’accompagne aussi de fermetures de certains services, et donc de l’allongement des trajets pour les patients.

*Dispositif accessible selon trois critères : éloignement géographique de plus d’1h de l’établissement de soins, isolement social ou domicile inadapté au retour du patient. 

Concrètement, comment ça fonctionne ?

Quand un médecin identifie un patient éligible au dispositif HTNM, il peut lui proposer un accueil hôtelier externalisé. Dans la pratique, ce sont souvent les secrétaires médicales qui se chargent de ce processus. Si le patient accepte, il reçoit un lien sécurisé, se connecte sur My Hospitel, et choisit l’hôtel partenaire dans lequel il souhaite séjourner, avec les différentes options et services souhaités. Le processus permet de gérer la réservation, la coordination avec l’hôpital, et la facturation. C’est un parcours fluide, humain et digitalisé : l’hôtel confirme (et très rarement refuse) la demande faite par le patient, qui reçoit une confirmation par email. À l’hôpital, on connait le statut de la réservation du patient, très lisible via un planning et des coloris qui varient selon l’état d’avancement du parcours hôtelier. 

Nous avons pu mesurer que le temps de traitement manuel d’une réservation d’hôtel hospitalier est de l’ordre de 50 minutes par patient pour une secrétaire médicale. En utilisant My Hospitel, on réduit le temps à un maximum de 5 minutes par patient. Et pour le système de santé, c’est une économie significative : si on compare le coût d’une nuitée à l’hôtel plafonné à 80 €, avec une nuitée hospitalière (sans surveillance médicale) estimée à 600 € environ, les gains sont considérables.

Rendre le patient acteur du dispositif semble pertinent tant les retours sur leur expérience sont encourageants. Beaucoup nous disent qu’ils se sentent plus reposés, moins stressés, et qu’ils apprécient de pouvoir être accompagnés d’un proche. Cela participe à un parcours de soins moins anxiogène et plus humain. Imaginez un patient qui doit se rendre pour la première fois à Paris dans un grand établissement pour sa prise en charge. Outre la peur de ne pas bien se repérer, de mal anticiper les temps de trajet et le stress lié au rendez-vous médical lui-même, savoir qu’on va pouvoir choisir un hébergement à proximité de l’hôpital permet de limiter les temps d’attente sur place et l’engorgement des salles d’attente.

Les hôtels eux-mêmes participent à cette innovation avec intérêt. Ce dispositif leur permet de lisser davantage leur taux de remplissage, et de contribuer aussi au dynamisme du tissu médical autour de leur implantation.

Grâce à son intégration à i3 Impulsion, “l’incubateur pas comme les autres”, My hospitel a véritablement passé un cap. L’incubateur a accompagné la start-up dès 2022 en lui offrant un cadre structurant, un réseau d’experts sectoriels, et une vision stratégique renforcée.


Pouvez-vous nous donner des exemples de partenariats hospitaliers ?

En janvier 2025, nous avons accompagné le CHU de Nice dans la mise en place du dispositif. Grâce à notre plateforme, ils ont pu conventionner avec de nouveaux hôtels partenaires, à des tarifs négociés, et simplifier la gestion des nuitées externalisées. 

Quelques jours plus tard, nous étions au CH d’Antibes-Juan-les-Pins, où les médecins peuvent désormais prescrire l’hôtel hospitalier directement via notre outil. Les retours sont très positifs, tant du côté des soignants que des patients.

Les prises de décision dans le monde hospitalier sont longues, et nous constatons aussi que la signature d’un partenariat avec un établissement ne génère pas forcément du volume sur notre plateforme rapidement. Nous comptons donc aussi sur les patients eux-mêmes et leurs proches pour s’approprier les possibilités ouvertes par l’Hébergement Temporaire Non Médicalisé pour accélérer le développement de notre trafic sur My Hospitel.

A ces fins, nous plaçons de la PLV et des vidéos dans les régies TV des hôpitaux, avec des QR codes. En flashant ceux-ci, le patient peut répondre à quelques questions pour l’informer et lui conseiller, s’il semble éligible, d’en parler à son médecin qui lui fera une prescription médicale spécifique d’hôtel hospitalier.


Quels sont vos liens avec le monde de l’assurance ?

Nous travaillons avec un opérateur de tiers payant sur le remboursement d’un complément au forfait actuel de 80 €. Nous sommes persuadés qu’avec une implication forte de la part des mutuelles de santé, le dispositif pourrait prendre plus d’ampleur et faire sens pour de nombreux patients qui n’en n’ont pas connaissance. 

Aujourd’hui, quelques complémentaires commencent à abonder le forfait par nuitée, et à comparer ces dépenses avec le surcoût qu’elles absorbent déjà pour les demandes de chambres individuelles.

Mais l’ambition de My Hospitel va plus loin :  nous visons à accompagner la transformation du parcours de santé. Cela passe par un maillage en termes de nombre d’hôtels hospitaliers accru, et probablement par une revalorisation du forfait de 80 €. Sa révision prochaine devrait nous permettre de contourner la difficulté d’avoir un tarif unique pour Paris et les régions, véritable frein au développement de notre offre d’hébergements. Mais, nous travaillons aussi à élargir notre gamme avec des services supplémentaires, comme de la restauration spécifique en chambre hôtelière, la réservation d’une infirmière ou de transports pour accéder à l’hôpital.


Quels sont vos projets de développement actuels ?

Pour les mois à venir, nous travaillons sur plusieurs axes d’un point de vue stratégique. D’abord, l’intégration de notre plateforme dans les logiciels hospitaliers existants, pour encore plus de fluidité. À ce titre, nous sommes extrêmement heureux d’annoncer la finalisation de notre partenariat avec HOPPEN, qui nous permet d’intégrer le portail patients EXOLIS dès la préadmission en ligne.  Nous atteignons là un point de rupture, car ces acteurs sont implantés dans 80% des hôpitaux. Nous toucherons directement un nombre très important de patients, ce qui donnera une visibilité croissante à un dispositif que nous estimons vertueux, mais encore méconnu. Nous avons également récemment concrétisé un partenariat avec RDS Diag, société qui assure le suivi des constantes du patient via un patch connecté mini-invasif, qui permettra d’assurer plus de sécurité pour le patient lors de ses nuitées externalisées. 

Ensuite, nous développons un module d’évaluation de la satisfaction patient, pour mieux mesurer l’impact de l’hôtel hospitalier. Enfin, vous l’aurez compris, nous explorons des partenariats avec des groupes hôteliers nationaux pour élargir notre réseau.

Après avoir lever auprès d’investisseurs privés, de la BPI et de l’agence santé de la Caisse d’Épargne Auvergne Rhône-Alpes plus de 2 M€ depuis 2022 afin de construire une plateforme technique solide et sécurisée, nous sommes à nouveau en période de levée de fonds. Une première phase de l’opération a permis de lever 500 000 € sur ce premier semestre 2025 afin de consolider nos fonds propres. Celle-ci sera suivie d’une seconde phase en septembre qui a pour objectif de lever 1,5 M€ supplémentaires afin d’accélérer notre développement commercial et opérationnel. Depuis 2023, nous avons eu la chance d’être accompagnés par le programme i3 Impulsion, qui nous a fait bénéficier de sa connaissance des mécanismes de l’assurance, et du fonctionnement des mutuelles. Nous avons pu tester notre solution dans des environnements réels, affiner notre modèle économique, et surtout, gagner en crédibilité auprès des acteurs publics et privés du secteur de la santé.

En 2025, nous devrions passer un cap décisif dans notre développement et l’appropriation par tous des possibilités offertes par notre offre de service unique sur le marché pour tous les acteurs, soignants, structures hospitalières, financeurs, patients ainsi que leur entourage.

 

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