
CHRONIQUE - La huitième édition de la conférence S&P européenne sur l’assurance s’est tenue le 27 novembre 2024. Le ton y était relativement optimiste grâce à la forte croissance des primes et les solides niveaux de solvabilité atteints à la fois par les assureurs et les réassureurs.
Cependant, les conflits géopolitiques, l’inflation affectant le coût des sinistres, et la croissance timide des revenus dans l’assurance vie demeurent des ombres au tableau. A ceux-ci s’ajoutent des risques structurels tels qu’une potentielle augmentation des perturbations liées au changement climatique, et le risque cyber.
Côté assurance-vie, S&P s’attend à ce que les acteurs continuent de privilégier l’offre de produits en unités de compte et de prévoyance plutôt que les produits d’épargne traditionnels assortis de garanties de rendement. Des taux d’intérêt plus élevés ont soutenu la transition graduelle vers des investissements plus classiques (obligations à notation élevée) et ont progressivement réduit la part des actifs illiquides.
Les assureurs non-vie continuent quant à eux de lutter contre l’inflation des sinistres, qui dépasse considérablement l’indice général des prix à la consommation sur de nombreux marchés européens. Selon S&P, les hausses de tarifs devraient se poursuivre, en particulier dans le segment automobile. Concernant le segment des catastrophes naturelles, le principal problème expliquant l’insuffisance de couverture est le manque d’incitations pour les particuliers à souscrire une assurance du fait de la protection offerte par les gouvernements. Les limites de l’assurabilité et la nécessité de partenariats public-privé n’existent que dans certains secteurs à haut risque.
La conférence a aussi couvert les sujets réglementaires. La plupart des participants considèrent que le cadre européen existant fonctionne de manière satisfaisante mais nécessite des améliorations, notamment sur les risques émergents tels que le risque climatique pour lequel les assureurs espèrent être soutenus par les gouvernements. IFRS 17 a aussi été débattu : bien que son prisme plus économique apporte de la transparence sur des sujets de capital, l’introduction de cette norme a aussi entraîné un développement des mesures de performance alternatives, rendant la comparaison entre assureurs plus difficile – aussi du fait de la diversité des taux d’actualisation utilisés. Le sentiment prédominant était que la compréhension de l’activité d’assurance par les investisseurs n’avait pas été améliorée par ce nouveau cadre.
Enfin, les participants ont réitéré la position centrale que devrait occuper le client dans les préoccupations. Le directeur général du Lloyd’s, John Neal, indiquait ainsi dans son discours introductif que « dans des moments comme celui-ci, où le monde semble le plus imprévisible, les assureurs ont l’occasion de démontrer aux clients pourquoi ils existent ». Cela implique aussi d’améliorer la réactivité des assureurs, notamment face aux catastrophes, pour conserver la confiance des clients.
Oriane Peyredieu du Charlat, sur la base d’un article publié par Robert J Greensted
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