« Construisons collectivement les nouvelles conditions de l'assurabilité »

Dérèglement climatique, évolutions démographiques et révolution technologique transforment le paysage assurantiel. Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France, appelle à une démarche collaborative autour de la gestion des risques.

A l'heure du proche bicentenaire de Generali, le secteur de l'assurance est confronté à un changement d'échelle des risques dont nous pouvons dire qu'ils ont changé « les codes d'accès » de notre monde. Trois grandes dynamiques transforment durablement le paysage assurantiel : le dérèglement climatique, les évolutions démographiques et la révolution technologique. Face à ces nouvelles réalités, la prévention s'impose plus que jamais comme un levier clé pour garantir l'assurabilité de demain.

« La meilleure façon de prédire l'avenir est de le créer ». Transposée à l'entreprise, cette maxime d'Abraham Lincoln trouve une résonance particulière dans le secteur de l'assurance, confronté à des risques structurels qui bouleversent ses fondements.En effet, notre métier a longtemps reposé sur les statistiques du passé pour évaluer la sinistralité future. A présent, ces nouveaux paradigmes nous imposent de sophistiquer nos approches et doivent nous conduire en tant qu'assureur à devenir de véritables ingénieurs en résilience.

Prise de conscience des assurés

Le changement climatique se traduit par une intensification des événements météorologiques extrêmes, impactant directement la sinistralité de nos biens mais aussi la santé des personnes. Le vieillissement de la population et l'allongement de l'espérance de vie redéfinissent les besoins en couverture santé. La révolution technologique quant à elle, et notamment la démocratisation de l'IA viendra modifier profondément les modes de consommation et de travail. Cette conjonction de transformations structurelles impose donc une évolution des pratiques visant à accompagner les assurés dans la gestion et surtout, dans la prise de conscience des risques car pour pouvoir agir, il faut d'abord savoir !

Cette évolution est d'ores et déjà visible dans de nombreux aspects de notre quotidien. Parmi eux, l'intensification des épisodes de sécheresse impose une révision en profondeur des stratégies de prévention pour les propriétaires immobiliers. Le phénomène de retrait gonflement des sols argileux (RGA), qui fragilise près de 10 millions d'habitations en France engendre des coûts d'intervention toujours plus lourds et des travaux de consolidation de plus en plus complexes. Face à ces risques croissants, la nécessité d'anticiper n'a jamais été aussi forte : en 2024, pas moins de 285.000 personnes ont utilisé l'outil de Generali « Ensemble Face aux Risques » pour évaluer les menaces pesant sur leur logement et accéder à des conseils de prévention adaptés.

Privilégier le préventif au curatif

A leur tour, la mutation démographique et l'allongement de la durée de vie posent des défis nouveaux pour l'assurance santé, la dépendance ou encore la retraite. L'augmentation des maladies chroniques, la sophistication des traitements, une approche de plus en plus consumériste de la santé, et la nécessité d'une prise en charge prolongée engendrent des coûts croissants, dont les dérives, si difficiles à maîtriser dans notre pays, démontrent que nous sommes collectivement trop axés sur une approche curative, entraînant des coûts élevés à terme dans certains domaines, au détriment d'une approche préventive.

Seule une mobilisation collective associant également l'Etat, les collectivités et les acteurs territoriaux, permettra d'apporter des solutions durables et efficaces.La prévention devient donc un facteur déterminant de l'assurabilité des Français et de la viabilité économique des démarches d'assurance sur le territoire. Les actions de prévention sont ainsi appelées à prendre une importance cruciale et à devenir une des conditions de l'assurabilité. Là où auparavant, le client payait son assurance pour « oublier le risque » laissant à l'assureur toute la charge de gérer les sinistres, il faudra désormais que clients et assureurs déterminent ensemble les conditions de l'assurabilité. Cette transformation témoigne d'une évolution fondamentale du métier d'assureur : de pur gestionnaire de risques, il doit devenir encore davantage un acteur proactif de la prévention. En matière de santé, cette dernière prend également une place croissante. La pandémie de Covid-19 a révélé les limites d'un système de santé centré sur le curatif tout en soulignant l'importance d'une approche préventive.

Une approche collective s'impose

Dans  ce  contexte,  une  réponse  à  la hauteur des enjeux ne peut reposer uniquement sur les assureurs. Seule une mobilisation collective,  associant  également  l'Etat, les collectivités et les acteurs territoriaux, permettra d'apporter des solutions durables et efficaces. Le renforcement des partenariats public privé doit devenir une priorité, non seulement pour anticiper et atténuer les impacts des catastrophes naturelles, mais aussi pour garantir une intervention rapide et coordonnée auprès des sinistrés. Uneapproche  concertée  est  essentielle pour adapter notre modèle d'assurance  aux  défis  climatiques  et assurer une protection équitable de tous les citoyens.

L'exemple  d'« Initiative  sécheresse » illustre cette dynamique. Ce laboratoire collaboratif, regroupant assureurs, chercheurs et institutions publiques, travaille sur des solutions innovantes pour prévenir les dommages liés au RGA.

Dans  un  environnement en mutation accélérée, l'assurance se réinvente en plaçant la prévention au coeur de ses priorités et en favorisant des collaborations inédites.  Cette  dynamique s'inscrit dans une  vision de long terme pour  accompagner  les transitions  majeures  de  notre  époque  et  maintenir  une  protection  efficace et durable des biens et des personnes. Plus qu'un acteur économique, le secteur de l'assurance entend  jouer un rôle de catalyseur  au  service  de  la  résilience  collective, convaincu que seul un engagement partagé permettra de construire un avenir plus sûr.

La responsabilité est un facteur de résilience collective. Choisissons collectivement la durabilité pour boussole de notre action : de la prévention à l'assurance et à l'investissement dans la transition écologique, l'économie réelle et l'inclusion des plus fragiles.

Jean-Laurent Granier est PDG de Generali France.

La prévention devient donc un facteur déterminant de l'assurabilité des Français et de la viabilité économique des démarches d'assurance sur le territoire, considère Jean-Laurent Granier.

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