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Charlotte Couallier (Dattak) : "Nous ne faisons pas de yoyo sur les prix"

mercredi 16 juillet 2025

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[INTERVIEW] Pour News Assurances Pro, Charlotte Couallier fait le point sur le marché de l’assurance cyber. La cofondatrice et CEO de Dattak revient également sur l’activité du MGA, entre implantation en Belgique, diversification sur les lignes financières et lancement de nouveaux produits.

Comment s’oriente l’exercice 2025 de Dattak ?

Nous avons dépassé les 10M d’euros de primes placées fin 2024 et nous sommes alignés sur nos objectifs pour 2025. Nous visons les 22M d’euros d’ici la fin de l’exercice, même si nous constatons depuis le début d’année une baisse significative du volume de primes et une guerre des prix sur le marché. Cette situation s’explique notamment par une diminution de la sinistralité ces derniers mois et une plus grande facilité à trouver de la capacité en cyber.

Damien (ndlr : Damamme) et moi sommes actuaires. Nous avons été "biberonnés" à la croissance rentable. Nous sommes donc attentifs à nos ratios techniques et à notre rentabilité en pareille situation, ce qui nous permet également d’avoir la confiance de nos porteurs de risques et réassureurs (Sompo / Scor - Hamilton - Chaucer / Wakam / Hannover Re / Envelop Risk) sur la durée. J’ajoute que malgré ce contexte, nous n’avons jamais procédé à des majorations. Nous ne faisons pas de yoyo sur les prix.

Comment naviguez-vous dans ce marché de nouveau détendu avec beaucoup de concurrence ?

Si un marché croît, c’est qu’il y a de la place pour chacun et la concurrence aide à l’évangélisation des entreprises sur le sujet du cyber.

Pour autant, ces conditions nous poussent à ne pas dépendre du seul marché cyber. C’est pour cela que nous venons de nous lancer sur les lignes financières avec la RC Pro sous l’impulsion de Jérôme Gillet qui a récemment rejoint notre équipe. Notre objectif est de développer auprès de nos clients un panier moyen de couvertures et de primes plus large. Nous proposons donc notre pack cyber / RC Pro à tout notre new business et nous enregistrons dejà plus de 100 cotations en moins de trois semaines.

Vos cibles de clientèle ont-elles évolué ?

Si de plus en plus d’entreprises ont désormais pris la mesure du risque cyber, certaines éprouvent aujourd’hui des difficultés économiques, avec de nombreuses faillites, notamment à cause des PGE. Elles doivent donc arbitrer. De plus, les incertitudes de marché liées aux décisions de Donald Trump plongent certaines entreprises dans l’incertitude. Cet immobilisme freine de fait les investissements en matière de cybersécurité.

Néanmoins, notre portefeuille clients continue de croître et nous allons chercher de plus en plus de grandes entreprises, au-delà du milliard d’euros de chiffres d’affaires. Nous nous positionnons aussi désormais en excess avec des capacités pouvant aller jusqu’à 20M d’euros (10M + 10M en primery) pour des demandes sur-mesure.

Quels sont vos prochains objectifs de développement (régions / produits / etc) ?

Après le Luxembourg en décembre dernier, nous venons de nous implanter en Belgique où nous avons déjà commencé à souscrire des contrats sur place. Nous cherchons actuellement celui ou celle qui dirigera nos activités locales. En parallèle, nous avons réinternalisé la gestion de nos réponses à incidents et une directrice sinistre nous rejoindra en août prochain pour prendre la tête de notre CERT. Depuis son lancement, Dattak a déjà fait face à près de 150 sinistres.

Côté produit, nous venons de lancer une garantie panne informatique incluse dans nos contrats. Nous avions déjà été précurseurs en introduisant une garantie défaillance d’un tiers il y a quelques. Désormais nous couvrons les entreprises en cas de panne informatique - comme ce qui s’est passé récemment avec CrowdStrike par exemple - et ce sans sous-limite. La diversification de notre portefeuille nous permet de pouvoir proposer ce type de garantie. En effet, un même secteur utilise généralement le même logiciel, nous évitons donc d’être trop exposés sur un même corps de métier.

Quels sont les profils des investisseurs qui composent votre tour de table aujourd’hui et en cherchez-vous de nouveaux ?

Nous sommes toujours ouverts à l’arrivée de nouveaux advisors, même si nous ne sommes pas en recherche active. La quarataine d’investisseurs à notre tour de table vient d’horizons différents. Il y a beaucoup d’entrepreneurs et de business angles issus à la fois de l’univers de l’assurance, de la cybersécurité ou de la tech. Ils nous aident grandement, par leur expérience ou par leur carnet d’adresse, dans l’accompagnement de notre croissance, notamment en termes de stratégie ou d’expansion à l’international par exemple.